Découvrez l’univers de la contorsion à travers les yeux de Nadège Paineau, contorsionniste de métier. Elle vous explique les effets chimiques, thérapeutiques et tout ce que la contorsion représente et peut vous apporter dans votre vie et son évolution. Si la contorsion vous attire et si vous recherchez un moyen de relâcher les tensions et de vous libérer, cette interview vous apportera des réponses.
ⓒNadège Paineau
Quels sont les principaux objectifs des personnes désirant se lancer dans la contorsion ?
Nadège Paineau : Les objectifs que chacun peut atteindre : s’assouplir, se grandir.
Quelque part, c’est aller vers un objectif de dépassement, parce que la contorsion reste un objectif qui est au-delà de nos espérances ou de l’attente ou du “laisser faire”.
C’est un dépassement du corps, c’est un dépassement de soi. On ne peut pas dire : “Je vais faire de la contorsion et j’attends que ça se passe tout seul”.
On sait pertinemment qu’on se dépassera. Je vais l’évoquer après, mais c’est vraiment dépasser l’inconnu et dans le respect, parce que finalement, on sait pertinemment qu’on ne pourra pas faire autrement que de se respecter.
Est-ce que la contorsion est accessible à tout le monde ?
Nadège Paineau : Cela va dépendre de l’enseignement proposé. Oui, la contorsion est accessible à tout public, à condition de rendre son enseignement au public. Rendre son enseignement, sa proposition, son cours, son stage, sa formation au public, nécessite inévitablement de comprendre, de connaître, de savoir quelles sont les différentes possibilités physiques, psychologiques ou philosophiques de chacun. On ne peut pas tout savoir, mais on peut au moins se renseigner, demander et rester toujours attentif au public présent.
Globalement, c’est pour toute personne qui a un objectif et souhaite se donner les moyens. Toute personne qui veut se rencontrer et se découvrir. Mais attention, il y a des moments où l’on ne va pas avoir envie, où l’on ne peut pas se rencontrer, se découvrir. Cela serait peut-être trop douloureux, sinon on pourrait avoir envie de s’amuser, de faire autre chose.
Enfin, cela peut être pour toute personne qui souhaite ou veut apprendre à mieux s’aimer. Parce que finalement, se dépasser, c’est se rencontrer.
Quel est l’impact de la contorsion dans la vie de tous les jours ? (Physique et mental)
Nadège Paineau : Un élève me disait dernièrement : “Ce que la contorsion m’apporte, c’est respirer. Pendant le cours au moins je suis sûr, je respire et lorsque je repars, je respire. Il n’y a aucune autre méthode où on me propose de respirer ”.
Alors, je voulais parler de la respiration, de la libération dans le corps, de l’aboutissement, de la réussite et des objectifs.
Réussite parce que, de tout façon, la contorsion est tous niveaux et propose de la réussite à tous les niveaux. Forcément, on va toujours pouvoir réussir ! Parce qu’on va toujours progresser, parce que justement la progression est sans limites.
Tant que cela reste dans le respect, cela reste l'œuvre de l’accompagnateur ou de l’accompagnatrice, et bien immédiatement on va se dire qu’on va pouvoir faire des choses incroyables. Mais dans tous les sens du terme. Parfois ce qui est incroyable, c’est accepter que l’on ne peut pas faire plus que ça. De l’accepter pleinement et d’être heureux comme ça.
L’incroyable, le hors limite, permet, tout ce qui est inimaginable mais pas uniquement dans la mauvaise interprétation, la mauvaise imagination. Dans la bonne imagination, celle qui serait positive.
En quoi la contorsion peut-elle assouplir la vie ?
Nadège Paineau : À travers la pratique. Le pratiquant cherche des solutions pour s’assouplir. L’unique solution pour y arriver c’est une forme de relâchement, de relaxation physique et psychique. Ainsi, le résultat est immédiat dans la vie lorsque l’on souhaite, par exemple, atteindre un accomplissement, on le fera avec plus d’aisance et plus de liberté.
La contorsion, c’est une création de soi-même. C’est parce qu’on a trouvé des solutions qu’on peut se faire confiance dans ce domaine. On va donc reproduire le processus de réussite dans la vie quotidienne comme un copié/collé naturel car c’est intégré dans le corps. On va se rappeler ce cheminement de solution que l’on a trouvée. Lorsque l’on pratique la contorsion, on est obligé de lâcher les tensions.
Attention tout de même, tirer est très dangereux ! La contorsion c’est : s’allonger, se grandir, mais en aucun cas forcer. C’est l’aboutissement d’une prise de conscience, l’aboutissement d’une persévérance, l’aboutissement d’un relâchement, qui va aboutir à un résultat. Si on force pour s’assouplir, il n’y a pas de résultat. D'ailleurs c’est pareil pour la psyché.
Existe-t-il un effet chimique induit par la contorsion sur l’esprit ? Si oui, lequel ?
Nadège Paineau : La contorsion, au niveau chimique, va agir comme un art ou comme ce que peut produire une œuvre d’art sur la psyché, sur l'organisme.
Elle joue un rôle essentiel sur l’organisme, créant un élan de vie, un élan fort de vivre. C’est ça qui est très surprenant. Il y a un relâchement qui se produit, relâchement qui s’équilibre au niveau du système nerveux.
Ce relâchement induit, au niveau cérébral, une libération de certaines hormones ou neurotransmetteurs. C’est très simple, c’est la dilatation au niveau de l'épiphyse-hypophyse qui induit un rééquilibrage du système nerveux. Ainsi, cela agit immédiatement sur le comportement. Et dans ce comportement, il y a l’intervention naturelle des hormones et neurotransmetteurs.
De 1, on a la dopamine, un neurotransmetteur qui engendre la satisfaction.
De 2, on a la sérotonine, un autre neurotransmetteur, qui est comme un antidépresseur, il régule les comportements.
De 3, on va avoir le cortisol, qui est une hormone, comme un antistress.
Et de 4, l’enképhaline qui est un peu comme la morphine naturelle du corps, c’est-à-dire, un antidouleur.
En fin de compte, c’est un peu ce qui va se produire quand on est malade, on relâche totalement et un antidouleur va se diffuser naturellement dans le corps.
Avec la contorsion, il va se produire ce phénomène. En étant actif de part les postures, l’organisme respire et les fluides du corps vont alors circuler. La résultante de ces neurotransmetteurs, de ces hormones circulantes, c’est une circulation plus rapide et donc des effets chimiques plus rapides. Tout simplement parce que l’on est en mouvement respiratoire ce qui induit une augmentation de la vitesse des fluides dans le corps.
De plus, il y a un effet miroir, qui est créé par le constat de l’assouplissement de son propre corps. Cet effet miroir engendre et stimule les neurones miroirs, qui ont une action dans l’empathie. Si on se voit dans la réussite, dans l’assouplissement, on a une forme de fierté et ça va augmenter notre empathie envers nous-même. On se pardonne à nous-même d’être comme on est ou comme on n’est pas et forcément cela va augmenter l’empathie envers les autres.
Est-ce que vous pourriez dire que la contorsion a un effet thérapeutique ?
Nadège Paineau : Un effet thérapeutique, oui, certainement, car chacun va prendre ce qu’il souhaite recevoir durant la contorsion.
Il y a une personne qui me suit depuis des années dont son seul et unique objectif est de travailler physiquement. Ce qui l’importe, c’est la progression physique.
Alors, je lui ai dit un jour : “Pourquoi es-tu là ?” étant donné que je propose d’autres choses que le travail physique uniquement. Il me répond : “Parce que c’est le seul endroit où je ne me suis jamais blessé." Alors, oui, ça peut avoir un effet thérapeutique, à qui veut bien prendre cet aspect là.
Il est possible en effet, de travailler différemment suivant son objectif.
On peut parler d’effet thérapeutique dans la prise de conscience tranquille et bienveillante de ses propres blocages, de ses ouvertures ou expansion. Cela vous libère, ou, cela vous éclaire. La thérapeutique oeuvre lorsqu’il y a une modification de son être, c’est ça le processus. La contorsion apporte une modification de son être. Ça peut-être physique, on se sent grandi, on se sent affiné, on se sent souple et libéré. Mais aussi parfois, philosophique, parce qu’on a pensé à des choses auxquelles on n’aurait pas imaginé lorsque l’on attend dans la posture en respirant. Le corps se libère. Enfin, cela peut être psychologique, puisque l’on a pensé à telle chose et qu’un autre pratiquant a parlé de telle chose. On accorde du temps à soi. Mais il faut bien avoir à l’esprit que c’est une modification de son être sans pour autant que cela devienne une analyse psychologique.
Ce n’est pas une analyse psychologique mais on vit bien la libération, l’expulsion, la révélation. Tout simplement, une respiration. Donc, on peut parler d’effet thérapeutique de part l’évolution tout simplement.
Est-ce que vous pouvez en dire davantage sur votre accompagnement, à vous, Nadège Paineau, dans la contorsion ?
Nadège Paineau : Ma méthode est une méthode portée par un apprentissage de mon côté en constante évolution.
L’idée étant :
de prendre en compte le plus possible l’être humain en le regardant “sous tous ses angles”, à la fois physique, psychologique, philosophique et spirituel.
De pouvoir écouter, à l’instant T, la recherche de chacun ou de chaque corps et d'accompagner dans le cheminement individuel.
De rester, à chaque fois, neutre : je redécouvre chaque élève à chaque fois que je le revois. et j’ai ainsi une nouvelle information sur laquelle on pourra travailler, évoluer, avancer. Parfois, certaines personnes sont là avec beaucoup de questions. D’autres sont présentes et ne parlent jamais. On n’évoque pas les sujets plus personnels, ils sont juste heureux d’être là. D’autres vont travailler physiquement. D’autres encore ne vont vouloir comprendre l’existence ou leur existence. L’objectif est d'accueillir au possible tout ce qui se présente dans le respect.
Respect de l’intime, respect de la beauté et respect de la bienveillance.
Un conseil pour nos lecteurs ?
Nadège Paineau : Le conseil du jour pour finir :
“Suivre son axe de vie,
se laisser guider par sa lumière intérieure” .
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